Quelques jours après la fin du Championnat du Monde C13, Jorge Magalhaes Texeira, le sélectionneur tricolore, nous a accordé un long entretien qui l’a marqué, tout comme l’ensemble des joueurs qui ont pris part à la compétition. Retour sur une expérience magique pour notre groupe France.
T’attendais tu à ça avant de débuter la compétition ?
A vrai dire, non. Sincèrement je m’attendais à quelque chose de grandiose mais c’était encore plus que ça. C’était énorme et surtout magique. Dès notre arrivée à l’hôtel avec l’équipe et le staff on a compris ce qui nous attendait. Que ce soit de l’accueil en passant par la rencontre avec toutes les équipes présentes dans le hall .On a tout de suite compris que ça allait être une semaine pleine de magie. On allait vivre dans le monde des pros pendant une semaine, c’était juste magnifique.
Quel sentiment demeure au final à la fin de cette semaine de compétition ? Frustration ? Déception ? Bonheur ? Joie ?…
Pour être dans le vrai, tous les sentiments étaient présents. Dès le deuxième jour avec Fouad et Christophe (son staff) nous étions frustrés. La défaite contre l’Australie lors du deuxième match nous a laissé un gout amer. On menait sans complexes 6-2 à la mi-temps. Notre jeune équipe était réaliste en attaque et contre-attaque, solide défensivement, exactement ce que j’avais demandé. Mais le scénario a tourné court en seconde période. Je ne reconnaissait plus mon équipe. On a encaissé 6 buts sans même nous procurer la moindre occasion… Donc totalement frustré sur ce point là.
De la déception j’en ai eu aussi. Avoir perdu contre l’Afrique du Sud alors qu’on se devait de gagner pour affronter le Brésil en quart de finale. Après les deux premières défaites face a la Catalogne et l’Australie on avait plus le choix. Il fallait remporter ce match. Cela s’est joué à peu, mais les sud-africains ont étés plus réalistes.
Du bonheur et de la joie ? J’ai vécu ces deux sentiments pendant une semaine au mondial. J’ai même pas les mots, faut le vivre pour y croire. Je me répète, mais c’était juste énormissime. Surtout que c’était la première édition, donc que du bonheur.
D’un point de vue sportif, quel est le bilan de ce mondial ?
On aurait pu faire mieux, je l’avoue. Je suis conscient qu’on ne pouvait pas remporter ce mondial au vu du niveau des équipes présentes. Les Sud-Américains en particulier, ils avaient des mois de préparation. De notre côté nous n’avions qu’un mois pour former et préparer notre sélection nationale. C’est juste impossible de rivaliser. Avec le peu de moyens qu’on avait, je trouve que l’on s’en est bien sorti. Les garçons ont donné tout ce qu’ils avaient en eux. J’avais deux objectifs en tête :ne pas finir dernier, et tenter de se classer en milieu de tableau. Malheureusement nous avons terminé dixièmes.
Quel est le regret ou les regrets ?
Le premier regret c’est d’avoir manqué de temps pour avoir une équipe capable de rivaliser avec les plus grands de ce mondial. Mon second reste ce fameux match perdu qui aurait promis une belle affiche face au Brésil en quart.
Quelle joie t’a marqué ?
Tout m’a marqué dans ce mondial. Mais d’avoir gagné face à l’Inde fut un moment intense. J’avoue que de remporter un match, peu importe si c’était pour la dixième place, c’était juste merveilleux. Quand je voyais les garçons sauter de joie à la fin du match ,ça m’a fait prendre conscience, que même si c’était pour le classement de bas de tableau, la joie est bien présente.
Quel souvenir gardes-tu de ce mondial ?
D’avoir participé à la compétition la plus prestigieuse qui existe dans le futsal, le mondial. Une semaine de pure magie. C’est gravé a vie dans ma tête. Je pourrais le raconter pendant des heures s’il le faut. J’ai tellement de belles images dans ma tête. C’est une très belle expérience, une aventure sportive certes, mais humaine avant tout.
Quelle moment t’as le plus marqué ou quelle rencontre humaine ?
Le tunnel. Juste avant de rentrer sur le terrain. Je ne m’attendais pas a une telle ferveur sur le terrain. Quand on rentre et que tous les supporters français sont là à nous encourager. Je ne m’attendais pas à ça. Mais au moment de chanter la Marseillaise, je crois que c’est le fait le plus marquant pour moi. J’en avais des frissons.
La rencontre avec Fouad, mon adjoint. Un mec super pro avec qui l’osmose était parfaite. Il a fait un travail remarquable à mes cotés. Je tenais à le féliciter car ce n’était facile tous les jours. Et pour son prêt de tenues pour faire de l’équipe de France une unité, je ne le
remercierais jamais assez.
remercierais jamais assez.
Sans oublier Christophe, notre chef de délégation multilingue (rires). J’ai adoré sa présence et surtout de profiter de son expérience dans ce genre de compétitions, m’a été bénéfique.
La rencontre aussi avec nos supporters m’a marqué, essentiellement composés de parents de joueurs et de ma Famille également. Je n’imaginais pas qu’ils resteraient une semaine complète derrière nous. C’est un truc de dingue. Je tenais à les remercier, non seulement pour leurs encouragements quotidiens, mais aussi de nous avoir aidés parallèlement pour tout ce qui concerne le lavage des tenues de nos petits bleus.
Une petite anecdote à raconter ?
Oh que oui… J’en ai même deux ! (rires)
La première, c’était pendant la magnifique cérémonie d’ouverture du mondial. Un de mes joueurs avait une envie pressante. Il est parti aux toilettes et on ne l’a plus revu. On l’a cherché de partout, on se demandait où il était. Mais finalement à notre retour au vestiaire, on a simplement remarqué qu’il était coincé dans les toilettes pendant toute la cérémonie (rires..).
La deuxième, lorsque j’ai rencontré le sélectionneur australien. On était amené à se voir assez souvent. On se parlait tant bien que mal avec des gestes, lui parlait anglais et moi je me débrouillais a ma manière. Mais on se comprenais. Et quelle fut la surprise a la veille de mon mon retour en France quand j’ai appris qu’il était…brésilien ! Etant portugais d’origine, je maîtrisais beaucoup mieux cette langue. Pendant une semaine, j’ai galéré alors que cela pouvait être plus simple. Quand je lui ai dis que je parlais portugais, on s’est tout de suite compris et on a échangé nos coordonnées. Juste énorme ! (rires…)
Qu’est ce qui t’as le plus impressionné ?
Sans hésiter les Paraguayens. Dans tous les domaines. Sur le terrain ils sont énormes, ils ont tellement de facilité à se déplacer. On dirait qu’ils ont fait ça toute leur vie. Leur discipline également, que ce soit à l’hôtel ou en dehors, sur le terrain, etc… Ils sont juste exemplaires. Des champions du monde en somme…
Que penses-tu du fait de coacher en costume, une tradition en futsal AMF ?
Ça m’a fait bizarre au début car je ne suis pas a l’aise quand je le porte. Du moins je ne l’était pas, parce que maintenant j’adore ! (rires) A la fin du premier match, j’avais plein de messages sur mon portable. Ils disaient tous la même chose : que je devrais le porter plus souvent, j’était classe lol !
Même les joueurs m’ont félicités! Donc le costume je valide a 100%, d’ailleurs j’ai hâte de le remettre.
Que penses-tu que les enfants vont garder comme souvenirs de la compétition ?
Je penses qu’ils n’auront aucun mauvais souvenir, si ce n’est qu’il s’est terminé trop vite. Ils auront tellement de choses à raconter aussi. Sans parler des étoiles dans les yeux qui doivent être présentes tous les jours. Ils auront les souvenirs de leur matchs, de leur moments à l’hôtel avec les joueurs de l’Afrique du sud avec qui ils ont entretenu une belle relation amicale .C’était une expérience juste pleine de magie, aucun d’entre eux ne s’imaginais un jour participer à un championnat du monde, moi le premier…
Quel est le bilan général de cette expérience ?
Sportivement parlant, le bilan est moyen mais comme je dis. Nous avons échappé à la dernière place. Et rien que ça, ce ne peut être que encourageant pour la suite.
Humainement, c’est incroyable. Je n’ai pas de mots. C’est la meilleur chose qui existe dans ce monde, l’aventure humaine. Et surtout, j’espère que prochainement nous aurons plus de moyens. Plus de temps pour la préparation de l’équipe ,plus de moyens financiers, une meilleure logistique etc… En gros tout ce qu’il faut pour le bien être et une belle image de l’équipe de France pour devenir pourquoi pas, de futurs champions du monde.