Arbitre international français depuis plusieurs années, Rachid Oudgou a connu plusieurs aventures européennes où il a pu officier avec talent. Actuellement en Biélorussie, accompagnant la sélection marocaine, son pays d’origine, il nous fait vivre ses impressions pour son premier Championnat du Monde de Futsal AMF.
M. Oudgou, au second, plan lors du match Belgique-Paraguay
Comment vis-tu cette première expérience dans un championnat du monde ?
C’est une expérience très enrichissante tant sur le plan sportif et sur la culture arbitrale qu’au niveau personnel et des échanges avec les personnes que je rencontre.
L’AMF t’as fait confiance pour siffler lors du match d’ouverture devant plusieurs milliers de spectateur. Une surprise ? Quel souvenir ?
Mon plus beau souvenir est sans conteste le match d’ouverture entre le pays hôte et le Brésil, devant plus de 7000 personnes, et dans un magnifique complexe à l’ambiance de folie. L’AMF m’a effectivement fait confiance et c’était une surprise. Je ne m’y attendais pas très sincèrement n’ayant jamais officié à ce niveau.
Quel est le niveau des arbitres présents, beaucoup de nouveaux comme toi ?
Le niveau des arbitres est à mon sens pas très homogène et des disparités subsistent notamment entre la façon d’arbitrer en Amérique latine et en Europe. Il y a à mon sens nécessité d’homogénéiser un peu tout ça notamment sur l’interprétation des règles ou de certaines lois du jeu. Mais ça sera un travail de rapprochement entre l’UEFS et l’AMF.
Un mot sur l’organisation ?
L’organisation reste pour moi à parfaire car à mon arrivée à l’hôtel il n’y avait pas de comité d’accueil pouvant m’expliquer comment cela allait se passer. Le collègue arbitre belge Marc Nihoul s’est retrouvé à attendre plus de deux heures le bus qui devait le ramener à Brest (Biélorussie) ce qui l’a excédé et il était prêt à répartir en Belgique. Par ailleurs nous n’avons pas eu de réunion approfondie au préalable de debriefing avec rappel général des règles des lois du jeu, conseil sur les interprétations, etc… Et cela nous a énormément manqué lors de nos prestations.
Que penses-tu du niveau des équipes et de l’intensité des rencontres ? Est-ce dur d’officier dans ces conditions ?
Sur le niveau des équipes je rappelle que le tournoi se dispute sur 3 sites : Minsk Pinsk et Brest. J’étais sur le site de Minsk sur lequel se sont disputés les matchs du groupe A et B. Il y a une suprématie des pays d’Amérique latine. J’étais surpris du niveau technique tactique et de la condition physique de l’Uruguay et du Paraguay. Et je m’attendais à mieux du Brésil qui m’a un peu déçu. Les matchs ont été d’une haute intensité avec beaucoup d’impacts physiques qu’il a fallu maîtriser surtout quand ils sont totalement proscrits dans notre championnat français.
La France aurait-elle eu sa place sans la compétition ?
Je pense que la France aurait pu jouer les trouble-fêtes comme l’a fait la Norvège au dépend du Maroc, qui avait le potentiel pour aller en quart. Connaissant les joueurs nous n’aurions pas été ridicules, loin de là, et nous aurions surtout beaucoup appris tant sur le terrain qu’en regardant la prestation des autres formations aguerries aux joutes internationales.
Ton programme à venir ? Penses-tu pouvoir rêver d’officier lors d’une demi ou mieux de la finale ?
Pour moi l’aventure s’arrête aux portes des quarts car je suis venu avec la délégation marocaine et je dois repartir avec elle. Pour moi je retiens beaucoup de positif et j’espère revivre l’expérience en Argentine*, si mon physique me le permet, et si possible avec mes deux pays de cœur la France et le Maroc. Désolé on ne choisit pas entre sa mère et son père.
NB : M. Oudgou a arbitré les rencontres Biélorussie-Brésil, Biélorussie-Uruguay et Belgique-Paraguay.
* l’Argentine est candidate à l’organisation des Mondiaux 2019